Les écrits sur l'art
Le Discours de Flaran
Renaud Camus, chez lui, à Plieux (Gers), abrite une des plus belles collections d’art contemporain actuellement visibles en France. Le texte recueilli dans ce petit livre est une réflexion autour de ces œuvres qui se tiennent exactement sur cette lisière, en ce lieu impossible, intenable, ce non-lieu, entre l’absence et la présence, entre le silence et la parole, entre la profération et le retrait, entre le sens et le refus de sens, ou la totale ambiguïté. Elles représentent parfaitement cet art de la seconde moitié du XXe siècle, qui vient après Auschwitz, sans doute le plus grave, le plus profondément tragique, de toute l’Histoire de l’humanité.
« L’art contemporain – tel du moins, encore une fois, qu’il est représenté à Plieux, et aujourd’hui à Flaran, donc, mais plus généralement en l’une de ses expressions, ou de ses tendances, que je crois compter parmi les plus hautes –, l’art contemporain, autant ne pas le cacher, a quelque chose à voir avec le “rien”, voilà ce que je pense. Par la même occasion, il a quelque chose à voir avec le sacré. »
Nightsound suivi de Six Prayers
Nightsound est un tableau de Josef Albers, un « Hommage au Carré » tardif et sombre, actuellement conservé au château de Plieux, dans le Gers. Il donne son titre à cet essai sur l’artiste germano-américain (1888-1976), rapproché ici de la mystique rhénane et de la théologie négative, de l’exploration des modes de la Présence, et de la figuration (non-figurative) de Ce-qui-n’a-pas-de-Nom.
Six Prayers est le chef-d’œuvre d’Anni Albers (1899-1994). C’est un ensemble de six tapisseries, commande du Jewish Museum de New York à la mémoire des victimes des camps de concentration. Le texte de Renaud Camus accompagnait l’exposition rétrospective du Musée des Arts décoratifs de Paris, à l’occasion du centenaire de l’artiste.
Commande publique
Le livre Commande Publique est lui-même une commande publique, en l’occurrence de la part de la même instance administrative qui depuis dix ans et plus attribue à plusieurs dizaines d’artistes français et étrangers la charge, pour chacun, d’assurer la présence de l’art dans chacune des stations de la ligne A puis de la ligne B du métro toulousain – certainement l’un des plus importants ensembles d’art contemporain dans l’espace public à travers le monde…
Renaud Camus n’examine pas une à une chacune des réalisations déjà en place, ou qui le seront très bientôt (et qu’il connaît pour avoir été associé très tôt à l’ensemble du projet en tant que membre des jurys successifs), mais plutôt il s’interroge, dans un esprit assez voisin de celui de son livre Du sens, sur ce qu’il en est aujourd’hui de la place de l’art au beau milieu des flux et reflux de notre société hyperdémocratique (ce qui n’est pas le parachèvement de la démocratie, on s’en doute) et post-culturelle (où tout étant culturel rien ne l’est plus vraiment).