Les chroniques
Journal d'un Voyage en France
La plupart des livres de voyage, les guides surtout, dans leur prétention à l'objectivité, dépeignent un monde largement imaginaire. Pourtant, si comme le veut Amiel « les paysages sont des états d'âme », nos impressions d'eux, et des villes, et des monuments, varient avec le temps, la lumière, notre humeur, notre point d'observation, mille associations légères qui ne sont qu'à nous. Aussi n'y aurait-il de réalisme que dans la subjectivité. Renaud Camus voyageur s'abandonne à la sienne. Elle est chargée, surtout quand elle a comme ici la France pour terrain, d'une culture ancienne, complexe, un peu floue ou maniaquement précise soudain, “bourgeoise” sans doute et certainement condamnée. Il l'écoute en lui, avec autant de tendresse que d'ironie ; lui parle de poètes oubliés, de jardins abandonnés, de petits théâtres fermés dans des sous-préfectures, d'histoires de famille ou d'amour adolescentes. Le désir le mène. Sexuel il le porte plutôt, comme le savent les lecteurs de Tricks, vers les garçons : les épisodes s'ensuivant sont relatés dans ces pages sans détours mais sans provocation aucune, tranquillement, du ton dont on décrit le silence de la nuit à Semur-en-Auxois, un coucher de soleil sur les montages de l'Ardèche, la Toilette de Bazille au musée de Montpellier, les vallées des Corbières, si vertes entre leurs hautes collines rocheuses, le printemps au faîte de sa splendeur en Gascogne. Il se pourrait bien, d'ailleurs, que l'émotion soit la même.
Incomparable (avec Farid Tali)
Un homme d’une cinquantaine d’années, écrivain, rencontre un garçon de vingt ans, un étudiant. Une semaine durant, ils se voient à plusieurs reprises, assez longuement. Tous les deux tiennent un journal. L’écrivain propose au jeune homme la publication conjointe, sous une même couverture, des pages qu’ils ont écrites l’un et l’autre pendant la même courte période. Le livre aurait pour titre le prénom du garçon, Incomparable (conte cruel).
Corbeaux (Journal 9 avril-9 juillet 2000)
Corbeaux couvre les trois mois les plus intenses de “l’affaire Renaud Camus”. Sans se poser comme une “réponse”, ces pages d’une exceptionnelle tenue constituent un élément décisif du débat : elles donnent en effet à lire la manière dont cette crise fut vécue, de l’intérieur, au jour le jour, par le premier intéressé.
Journal d'un autre (2012-2013) (Duane McArus)
Les éditions Fayard, après les éditions P.O.L, ont décidé de ne pas renouveler les contrats qui les liaient à Renaud Camus. Certains de ces contrats courent encore, toutefois, et lient auteur et éditeur : ainsi celui qui porte sur le journal 2012, que les éditions Fayard publieront un jour ou ne publieront pas, selon leur volonté, mais qui, de toute façon, jusqu’à cette décision de leur part, leur appartient. Renaud Camus se propose de publier en ligne, ici même, au fur de son écriture, et cela dès le 1er janvier prochain, le journal 2013, qui, lui, ne fait l’objet d’aucun contrat. Il édite en attendant, pour ce qui reste de l’année 2012, c’est-à-dire sept mois, cet Autre journal, ou plus précisément ce Journal d’un autre — en l’occurrence d’un homme nommé Duane McArus, et qui ne lui ressemble guère : il n’a ni son âge, ni ses opinions, ni son style, ni ses goûts ; en revanche, au moment où commence cette livraison, il se trouve au même endroit.